jeudi 3 avril 2014

« Sanctionner sans punir : comment poser les limites à nos enfants »

Conférence d’Agnès Dutheil, 

coach en psychologie positive.



J’ai eu la chance, la semaine dernière, d’assister à cette magnifique conférence d’Agnès Dutheil, qui valait bien un petit article sur le sujet !
M’étant souvent posé la question sur les « limites » à poser et comment le faire sans blesser l’enfant, ce soir là je suis rentré avec quelques pistes intéressantes.
Le contenu était principalement de la communication non-violente, avec une touche personnelle.

Voici un petit compte rendu de mes notes, un peu en vrac :

Un petit point sur la biographie d’Agnès Dutheil :

-          Infirmière, puis infirmière scolaire
-          Maman de 5 enfants et grand-mère
-          Reprise d’études en psychologie, puis en psychologie positive par la suite
-          Formée dans l’accompagnement des jeunes dans les collèges (action contre la violence et l’éducation à la paix)
-          Aujourd’hui, coach en thérapie familiale.

Sanctionner ? Punir ? Quelle différence ?


Petite parenthèse avant d'entrer dans le vif du sujet, saviez-vous que faire copier des lignes est interdit depuis 1885 ? Bon à savoir …
J'en ai copié des lignes en primaire !




Pour la plupart d’entre nous, sanction, punition, signifie forcément soumission, par la peur, l'humiliation, ou quelque chose de pénible.
Il s’agit là d’une réaction fermée sur le passé, avec un fautif qui doit souffrir pour payer.
Ceci est du à notre enfance, à l’éducation qu’on a reçu, à l’école …

C’est pourquoi on a tendance à reproduire le même schéma.
Mais, si l'on veut rompre avec celui-ci, la question que l’on doit se poser avant d’agir est : quelle est mon intention ? Pourquoi je sanctionne de cette manière (mettre au coin, faire copier des lignes, priver de quelque chose, frapper etc.) ?

Si je le fait pour que l’enfant ne recommence pas, c’est inutile, car il recommencera sûrement, mais sans être vu cette fois-ci ! Et finalement, la sanction engendrera quelque chose de pire encore.

Exemple de la plante 



Un bel exemple pour illustrer ce phénomène est celui d’une plante, qui commence à avoir des feuilles jaune et à faner. Si on s’énerve sur elle, et, fâché, on l’a met dans un endroit sombre (parallèle avec la punition inutile), ça ne sert strictement à rien …

Au contraire, chaque adulte éducateur doit chercher à comprendre la cause, ou les causes des réactions de l’enfant, pour l’aider à se corriger.

Il faut savoir que la punition provoque :

-          rancœur
-          revanche, ou vengeance si on punit à cause de quelqu’un.
-          Rébellion (soit l’enfant se soumet, soit il se rebelle, souvent à l’adolescence ou l’âge adulte, car il prend de l’assurance.
-          Dissimulation et mensonge
-          Baisse de l’estime personnelle (humiliation)



AU MOMENT DE LA PUNITION, LE LIEN QUE L’ON A AVEC L’ENFANT EST ROMPU !



La sanction intelligente doit induire à une compréhension active des règles et des lois.
L’auteur de l’infraction doit être renvoyé de manière intelligence et non violente à ses responsabilités.

A ce sujet, au Québec, on ne dit pas sanction, mais conséquence ...

La sanction éducative


Oui oui, éviter les crises de larmes, et toutes les conséquences négatives de la punition, c'est possible ... En adoptant le système de la sanction éducative !

La sanction éducative est une contrainte non-violente, dans le but d’éduquer l’enfant à la responsabilité vis-à-vis des règles.

 L’objectif de la sanction éducative n’est pas de blesser ou de faire de la peine, car la souffrance engendre la colère et/ou la peur.

Une sanction éducative efficace est d’abord une sanction réaliste, qui a du sens pour ceux qui la vivent. On ne va pas dire à un enfant d’aller au coin s’il a dessiné sur un mur par exemple (aucun lien entre la sanction et l’infraction commise).

Une sanction doit toujours être un élément d’un processus, dans un contexte donné.
Elle ne peut être modélisée, ni figée dans un règlement intérieur.


 Donner de l’empathie

Quand un enfant dit ou fait quelque chose de mal, l’adulte doit chercher à comprendre pourquoi il agit ainsi, avec empathie, pour aider l’enfant à se confier, et ainsi trouver ensemble une solution afin qu’il se sente mieux et que cela ne se reproduise pas.
En adoptant cette posture, beaucoup d’adultes pourraient être surpris de voir que les enfants ont beaucoup de choses à dire et parfois des soucis à régler. Une écoute attentive n’est donc pas de trop !
L’adulte doit faire en sorte que l’enfant comprenne ce qu’il s’est passé dans sa tête.

Agression – expression – transgression

Il faut partir de l’idée que celui qui commet l’infraction à un problème et ne sait pas comment le résoudre. Ceci est primordial, afin de ne pas tomber dans le piège et entendre cette petite voix malveillante résonner dans notre tête qui nous dit « il a mal agit, il doit payer ! »

Certes, pour le destinataire de la « bêtise » il s’agit en quelque sorte d’une agression, d’une transgression.
Mais du point de vue de l’auteur de la « bêtise », c’est l’expression de son sentiment (pour s’affirmer, résister, être reconnu ou parfois tout simplement parce qu'il ne savait pas que c'était interdit !)
Le conflit lui permet alors d’extérioriser ses souffrances de façon maladroite car il ne sait pas comment faire autrement.
En tant qu’adulte éducateur, ce conflit doit nous obliger à prendre en considération la différence de l’autre et nous pousser à comprendre cette expression maladroite.

Une sanction éducative à ce moment là doit permettre :

-          la réparation de la « bêtise »
-          la réinsertion (pour ne pas que l’enfant se sente exclu parce qu’il a mal agit, à la maison, à l’école, au sein d'un groupe etc.)
-          la déculpabilisation

Il tient à chaque adulte de choisir de voir la transgression de l’enfant comme un langage nécessaire qui peut devenir une réelle source de progrès.
Nous devons donner à l’enfant des outils afin qu’il puisse s’exprimer sans avoir à transgresser, et pour cela, il doit aussi pouvoir trouver sur son chemin des adultes capables de l’écouter avec empathie, mais également capables de lui dire non, de manière non-violente, et qui proposent des réparations.

Poser une sanction éducative 

Comprendre ne veut pas dire excuser sans qu’il y ait de conséquences.
En aucun cas il faut laisser faire un enfant qui agit de manière maladroite sans agir, en laissant couler.
Il construira ainsi son rapport à la loi et son rapport aux autres.

quelques précautions pour poser une sanction éducative :

      1)      du temps : on ne pose pas une sanction au moment de la crise (car nous sommes contrarié et donc pas forcément en état d’agir correctement)
Il est possible de donner un rendez-vous à l’enfant afin d’en discuter plus tard.
2)      de l’empathie
3)      pouvoir nommer son propre ressenti
4)      le rappel de la loi, des règles
5)      recherche de solution : trouver une issue honorable, sans humiliation.

Il est aussi essentiel de respecter nous-même les règles que l’on demande aux enfants de respecter, car ils nous observent et nous devons être des exemples.

Il est aussi conseillé d'établir une petite charte, ou règlement, ensemble, afin que les règles soient posées.
Il est possible de revoir ses règles et les ajuster régulièrement. 
Les conseils de famille sont également très intéressants et facile à mettre en place. 

L’enfant n’attend pas de ses éducateurs la perfection, mais une ligne de conduite déchiffrable et cohérente.


Bibliographie recommandée par Agnès Dutheil :


"J'ai tout essayé" I.Filliozat 


"Parler pour que les enfants parlent et écouter pour que les enfants écoutent" Faber et Mazlish


"La discipline positive" Jane Nelsen

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